Sentiments Amoureux

Extraits

"Tu graveras notre nom dans le sable"

(page 36) "... Dans l’obscurité de la chambre, de longs rayons blafards traversent les carreaux de la fenêtre et dessinent sur les murs des danseuses de flamenco. Complice de ce jeu d’ombres, le mistral secoue les branches des platanes de la cour, offrant aux gitanes éphémères des robes légères et des châles vaporeux. Rafael ne ferme jamais les volets. Dans les enclos, les bêtes peuvent se blesser. À côtoyer tous les jours chevaux et taureaux, le qui-vive prévient le cas où. Depuis que le torero s’est installé dans le sud de la France, les exigences de sa manade chevillent ses sens au corps de cette maîtresse exclusive. Une adrénaline nécessaire afin de supporter les nuits tourmentées où il troque son sommeil contre des rengaines aussi fatalistes que les complaintes d’un chanteur de fado. Et dans la mémoire du vieil homme, une voix murmure :

– Ne pense pas au taureau… Pas encore…

Allongé sur le lit, Rafael ouvre son bras droit et cherche Lydia. Il imagine sa femme se pelotonner contre lui. La paume calleuse tâtonne la place vide et s’évade vers ce passé où Rafael Dominguez s’appelle El Oro del Viento..."

 

Le pirate et l'albatros

(pages 62/63) "...L’albatros disparut dans les brumes épaisses. Dépité, l’homme se laissa choir sur la terre infestée d’immondices. À cet instant, le verrou du cachot résonna. Tout son être se prépara à contrer les coups. Puis, ses yeux s’arrondirent lorsqu’une torche lumineuse précéda la silhouette blanche d’une religieuse qui portait une trousse en cuir noir.

Le loquet claqua derrière l’hallucination dont le visage entouré d’un voile regardait Jacques avec la compassion d’un ange :

– Sœur Marie-Madeleine… Je soigne les condamnés…

Jacques éclata d’un rire lubrique :

– Une nonne pour mes derniers instants ? Calembredaine ! J’ai plutôt besoin d’une pu… ribaude !

Sans s’offusquer, la femme coinça la torche entre les pierres du cachot. Envahi par une lumière ocre, le décor se révéla pitoyable.

– Votre cellule n’a pas été nettoyée ? J’en référerai au Gouverneur !

– Ne me parlez pas de ce fumier !

Sourde aux menaces, Sœur Marie-Madeleine ouvrit sa sacoche. Aussitôt, des vapeurs d’onguents engourdirent les rancunes du flibustier. Puis, la nonne sortit de sa manche un trousseau de clés.

– Levez-vous ! Je vais vous libérer…

Le vertige de la chance s’empara du pirate. Sa malignité habituelle échafauda un plan. Délivré de ses chaînes, il estourbirait cette pauvresse et fuirait par les créneaux. Qu’attendait-il pour lui rompre le cou ? « À propos, celui-ci est-il fin et délicat ? »

– Ne m’avez-vous pas entendue, Capitaine ?

Ses chevilles libérées, il tendit docilement les poignets. La religieuse se rapprocha. Une subtile fragrance de violette s’échappait de ses mouvements. Les narines flattées, Jacques n’en demeurait pas moins sur ses gardes. « Une bonne sœur ne se parfume pas ! Quel secret cache-t-elle ? »..."

 

Consulter les extraits des nouvelles primées aux concours 2015 et concours 2016

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