Darling

Darling ou l'infinie tendresse du temps

Page 17 : "Cette nuit-là, Mathilde eut du mal à s’endormir. Des masques grimés dansaient une farandole autour d’elle.

Quand enfin elle réussit à s’assoupir, elle retrouva Darling. Assis dans un fauteuil en cuir fauve sous une véranda ornée de plantes vertes, il lisait The Times.

Un setter roux somnolait à ses pieds. Sur une table basse au verre enchâssé dans une ferronnerie, une tasse en porcelaine fleurie côtoyait un cake garni de fruits confits.

Soudain, Big Ben sonna dix-sept heures. Abandonnant son flegme britannique, Darling se redressa pour enlacer une actrice hollywoodienne. Puis, comme dans les films, un rideau noir tomba sur le petit écran.

L’alarme du réveil extirpa Mathilde de son lit. Elle partit dare-dare pointer à Saint-Ouen sans good morning ni breakfast.

Aucune importance. De toutes les façons, à cinq heures du mat’, elle n’avait jamais envie de parler. Et encore moins, faim."

 

Page 28 : "Je me suis levée pour rajuster mon tailleur.

En vérité, j’avais mal aux pieds à cause de mes chaussures neuves.

Mes gestes furent observés en silence par l’Hispanique et le Scandinave.

Une véritable paire de gentlemen.

Au nom du Père, du Fils et du…

Non ! Pas d’Esprit saint dans l’histoire ! Ni sain ni soft, par ailleurs. Leurs yeux gourmands manquaient bien trop de politesse lorsqu’ils se posaient sur mes jambes ou s’attardaient sur mon décolleté.

Le nez pointé vers ses dossiers, Darling paraissait indifférent au manège qui enchantait ses collaborateurs. Soudain, il fixa tout le monde sans voir personne.

— C’est bon pour moi. On la prend.

Il avait décidé de m’engager sans consulter mon physique ni mon C.V.

Puis il replia son agenda et annonça :

— Je pars à Barcelone ce mercredi.

L’Hispanique ténébreux et le blond scandinave obéirent à leur patron avec une docilité trompeuse. Sous leurs sourires grivois, ils rêvaient déjà de me former en me caressant dans le sens du poil.

Je savais bien qu’ils auraient des griffes de loups. Mais ils ignoraient encore qui j’avais choisi pour être mon berger… »

 

Page 87 : "Mes yeux fixaient le poignet dragueur.

Un costume bleu marine. Des boutons de manchettes. Style classique, mais haut de gamme. Sa tenue préférée.

Ou peut-être, la mienne.

Darling s’était marié à Tokyo.

Un coup de tête.

Il était revenu à Paris.

Un coup de poker.

Il volait les cœurs.

Un coup discret.

Comment postuler avec un cabas à roulettes, vert écossais de surcroît ? J’aurais fait de l’ombre à une telle réussite.

Sa berline démarra avant les autres et s’échappa par la voie des bus. Darling serait mis à l’amende, mais on ne se refait pas.

Toujours être le premier.

Sur les bilans financiers.

Dans les agences de sondages.

Sur les terres vierges.

Et sur les sites proposant des affinités."

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Amis des Livres,

Auteur indépendant se définissant comme Artisan littéraire, Peintre de l'écriture et Orfèvre du vocabulaire,

je vous présente Instants de Mots, atelier et échoppe consacrés aux travaux d'une plume où, entre pleins et déliés, chaque lettre se veut graine, couleur, émotion, effluve...

Le portillon n'a pas de clé et le temps qui passe est à la portée de l'instant précieux qui le cueille...

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